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Contes Merveilleux Tome II - Grimm Jakob et Wilhelm - Страница 23


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Ortie, petite plante gracieuse, tu m’as l’air bien soucieuse!

Ne t’inquiete pas, je n’ai pas oublie le temps du chagrin refoule,

Le temps ou tu fus ma seule pitance, peu douce et crue, mais en abondance.

– Qu’est-ce que tu dis? demanda le prince.

– Rien, rien, repondit-elle, je pensais seulement a la princesse Meline.

Le marie fut surpris que sa fiancee connut Meline, mais il se tut.

Ils passerent pres du cimetiere et lorsqu’ils arriverent devant l’escalier de l’eglise, Meline dit:

Supportez-moi, les marches, souffrez que je vous emprunte,

De la mariee qui n’en est pas une, ecoutez la complainte.

– Que disais-tu? demanda le prince.

– Rien, je pensais seulement a la princesse Meline.

– La connais-tu?

– Mais non, retorqua-t-elle, comment pourrais-je la connaitre? Mais j’ai entendu parler d’elle.

Ils s’arreterent devant la porte de l’eglise et Meline dit:

0 toi, la grande porte! Que je passe, supporte!

De la mariee qui n’en est pas une, ecoute la demande infime.

– Et maintenant, qu’est-ce que tu viens de dire? s’etonna le prince.

– Oh, Je pensais encore a la princesse Meline, repondit-elle.

Le marie prit un collier de tres grande valeur et le lui passa au cou.

Ils entrerent dans l’eglise et devant l’autel le pretre lia leurs mains et les maria. Sur le chemin de retour, Meline ne prononca pas un mot. De retour au palais, elle courut aussitot dans la chambre de la mariee, ota la belle robe, rangea les bijoux et remit sa chemise grise. Elle ne garda que le collier que le marie lui avait passe autour du cou devant l’eglise.

La nuit tomba et la mariee devait etre conduite dans la chambre du prince.

Elle voila son visage pour que le prince ne s’apercut pas de la supercherie. Des que tous furent partis, le prince demanda:

– Qu’as-tu dit aux orties pres de la route?

– A quelles orties? s’etonna la mariee. je ne parle pas aux orties.

– Si tu ne leur as pas parle, tu n’es pas la vraie mariee, dit le prince.

Mais la mariee trouva la parade.

– Attends! s’ecria-t-elle:

Ma femme de chambre, j’appelle, car dans mes pensees lit-elle.

Elle sortit de la chambre et s’en prit a Meline:

– Servante! Qu’as-tu dit aux orties pres de la route?

– je n’ai dit que cela:

Ortie, petite plante gracieuse, Tu m’as l’air bien soucieuse!

Ne t’inquietes pas, je n’ai pas oublie Le temps du chagrin refoule,

Le temps ou tu fus ma seule pitance, Peu douce et crue, mais en abondance.

La mariee retourna dans la chambre du prince.

– Ca y est, cria-t-elle, je me rappelle maintenant de ce que j’ai dit aux orties. Et elle repeta les paroles qu’elle venait d’entendre.

– Et qu’as-tu dit aux marches de l’eglise lorsque nous les montions? demanda a nouveau le prince.

– Aux marches de l’eglise? s’etonna la mariee. je ne parle jamais aux marches.

– Tu n’es donc pas la vraie mariee.

Et la mariee dit promptement:

Ma femme de chambre, j’appelle, car dans mes pensees lit-elle.

Elle sortit par la porte en courant et s’en prit de nouveau a Meline:

– Servante! Qu’as-tu dit aux marches devant l’eglise?

– je leur ai dit simplement:

Supportez-moi, les marches, souffrez que je vous emprunte,

De la mariee qui n’en est pas une, ecoutez la complainte.

– Cela te coutera la vie, l’avertit la mariee, mais elle retourna vite aupres du prince pour lui expliquer:

– Ca y est, je sais ce que j’ai dit a l’escalier!

Et elle repeta ce que la jeune fille lui avait dit.

– Et qu’as-tu dit a la porte de l’eglise?

– A la porte de l’eglise? s’affola la mariee. je ne parle pas aux portes.

– Tu n’es donc pas la vraie mariee.

Elle sortit en courant et elle harcela Meline a nouveau:

– Servante! Qu’avais-tu a raconter a la porte de l’eglise?

– Je ne lui ai rien raconte, j’ai dit seulement:

O toi, la grande porte! Que je passe, supporte!

De la mariee qui n’en est pas une, ecoute la demande infime.

– Tu me le paieras, tu auras la tete coupee, dit la mariee, folle de rage; mais elle se depecha de revenir aupres du prince pour lui dire:

– Je me souviens maintenant ce que j’avais dit a la porte.

Et elle repeta les paroles de Meline.

– Et ou est le collier que je t’ai donne devant la porte de l’eglise?

– Quel collier? dit-elle. Tu ne m’as pas donne de collier.

– Je te l’ai moi-meme passe autour du cou. Si tu ne le sais pas, tu n’es pas la vraie mariee.

Il lui arracha son voile et vit son visage incroyablement laid. Effraye, il fit un bond en arriere.

– Comment es-tu arrivee la? Qui es-tu?

– Je suis ta fiancee promise, mais j’avais peur que les gens se moquent de moi en me voyant dans la rue. C’est pourquoi j’ai ordonne a la petite souillon de mettre ma robe et d’aller a l’eglise a ma place.

– Ou est cette fille? demanda le prince. Je veux la voir. Va la chercher!

La mariee sortit de la chambre et dit aux serviteurs que sa femme de chambre etait une faussaire, et qu’il fallait sans tarder l’amener dans la cour et lui couper la tete. Les serviteurs attraperent Meline et voulurent l’emmener. Mais Meline se mit a crier et a appeler au secours si fort que le prince entendit sa voix et arriva en courant. Il ordonna qu’on relache la jeune fille sur-le-champ. On apporta la lumiere et le prince put voir que la Jeune fille avait autour du cou le collier en or qu’il lui avait donne.

– C’est toi la vraie mariee, dit-il, c’est toi que j’ai amenee a l’autel. Viens dans ma chambre.

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