Выбери любимый жанр

Catherine et le temps d'aimer - Бенцони Жюльетта - Страница 11


Перейти на страницу:
Изменить размер шрифта:

11

La s?ur n'alla pas plus loin dans sa diatribe. Ermengarde, qui avait clopine jusqu'a elle, venait de l'empoigner par le bras et la secouait comme un prunier.

— Cessez de brailler ! hurla-t-elle. Ah ! ca, ma fille, vous etes completement folle ! Accuser de vol une noble dame ?... Savez-vous bien de qui vous parlez ?

— D'une voleuse, glapit l'autre hors d'elle. D'une ribaude qui cache une dague sur elle avec le produit d'un autre vol. Car cette bague qu'elle ose pretendre lui avoir ete donnee par la reine Yolande...

Une fois encore, elle dut se taire. La belle main d'Ermengarde s'etait levee et de toute sa force s'etait abattue sur sa joue. Les cinq doigts y demeurerent imprimes en rouge.

— Voila pour vous apprendre la politesse et la moderation, ma «

s?ur », s'ecria-t-elle en appuyant sur le mot. Vrai Dieu, si tous les couvents sont peuples de harpies dans votre genre, Dieu ne doit guere etre heureux en menage ! Puis, enflant sa voix, elle tonna : « Hola !

Beraud et les autres ! Aux armes ! »

Avant que les pelerins stupefaits eussent songe a les en empecher, les trois Bourguignons avaient pousse leurs chevaux jusqu'au milieu du cercle dont l'oratoire formait la corde et prenaient position devant les trois femmes. Posement, Beraud tira sa longue epee tandis que ses hommes, decrochant le grand arc d'if qui pendait a leur epaule, y placaient deja une fleche. Dans un profond silence, les pelerins suivirent ces menacants preparatifs. Ermengarde se permit un large sourire.

— Le premier qui bouge ne fera pas trois pas ! dit- elle durement.

Puis, changeant de ton et, soudain aimable : Les forces etant mieux equilibrees, causons, s'il vous plait !

Malgre la menace, Gerbert Bohat fit deux pas en avant. L'un des hommes banda son arc, mais la comtesse retint sa main tandis que le chef des pelerins levait la sienne.

— Puis-je parler ?

— Parlez, messire Bohat !

— Est-il exact que les rubis aient ete trouves sur cette...

Le terme qu'il ne se risqua pas a employer n'en fouetta pas moins la colere de Catherine.

— Sur moi ! Oui, mon frere ! s'ecria-t-elle. Mais, devant Dieu et sur le salut de mon ame, je jure que je ne sais pas comment ils y sont venus !

— Chanson ! s'ecria la nonne.

— Ah ! je vais me facher ! gronda Ermengarde. Taisez-vous, sainte fille, ou je ne reponds plus de vous ni de moi. Continuez, messire Bohat !

Gerbert s'avanca encore de quelques pas, mais ne baissa pas la voix.

— Il y a, d'une part, l'evidence... le flagrant delit et, d'autre part, la seule parole de cette femme...

— Mon frere, coupa Ermengarde impatientee, si vous vous obstinez a traiter dame Catherine en coupable, je vais vous oter la parole. Puis-je savoir ce que vous avez l'intention de faire ?

Le regard dur du Clermontois ne faiblit pas. Il se posa, charge de mepris, sur Catherine qui fremit de rage, et revint sur son amie.

La seule chose convenable : remettre... dame Catherine aux saints moines pour qu'ils la ramenent a Conques ou la justice de l'Abbe...

— Ou elle sera echarpee par la foule avant meme d'avoir atteint l'abbaye ! Non, messire, elle ne rentrera pas a Conques. Sa parole ne vous suffit peut-etre pas, a vous, mais a moi elle est plus que suffisante car je la connais. Aussi, ecoutez bien ceci : vous avez retrouve vos rubis, c'est fort bien. Emportez-les, sires moines, rendez-les a votre sainte... avec ceci pour vous payer de votre peine !...

Tout en parlant, elle lancait a celui des moines qui se trouvait le plus proche une assez lourde bourse qu'il attrapa au vol.

— Quant a nous, vous nous laissez aller en paix !

— Sinon ? demanda Gerbert avec hauteur.

— Sinon, fit tranquillement Ermengarde, nous nous frayerons un passage a travers vos rangs !

— Vous n'etes pas beaucoup !

— Peut-etre. Mais nous avons les armes... et la valeur ! Chacun de mes hommes en vaut dix. Le jeu est donc egal. Il est possible que nous ayons le dessous, mais je n'y crois pas. Et, de toute facon, notre mort vous couterait trop cher ! Il n'y en a pas beaucoup parmi vous, pieuses gens, qui continueront indemnes leur chemin vers Compostelle ! Catherine, priez donc notre bonne s?ur de vous rendre ce qui vous appartient.

— Jamais, cria la nonne qui, decidement, ne desarmait pas. Ce bijou est surement le produit d'un vol ! Il doit etre remis egalement au Pere Abbe.

Avec un soupir excede, la comtesse lui arracha l'aumoniere des mains, s'assura qu'il n'y manquait rien et rendit le tout sans un mot a Catherine. Puis elle ordonna, se tournant vers l'une de ses femmes :

— Amielle ! Les chevaux ! Vous laisserez a dame Gillette de Vauchelles celui qu'elle monte...

Mais l'interpellee s'avancait avec determination et venait se ranger aupres de Catherine.

Je vais avec vous ! Je crois a l'innocence de dame Catherine. On n'a pas sa bonte quand on est une femme perdue !

— Et moi aussi, j'y crois ! s'ecria Margot la Deroule en imitant Gillette. Je veux vous suivre ! D'ailleurs, dame Gillette a besoin de moi.

Ermengarde de Chateauvillain se mit a rire.

— Prenez garde, messire Bohat, avant peu vous n'aurez plus personne autour de vous.

— Cela m'etonnerait ! Les gens de bien n'auront aucune envie de poursuivre leur route avec une femme suspecte qui ne saurait attirer sur nous que la malediction. Partez... puisqu'il n'est pas possible de remettre la coupable a la justice sans faire couler le sang, mais nous ne voulons plus vous voir !

Il se tenait debout devant le front masse des pelerins qui semblaient se resserrer les uns contre les autres pour mieux eviter le voisinage de la suspecte. Quelques-uns se signaient... Catherine en aurait pleure de rage. Et, quand elle regardait Gerbert, dresse tres droit dans ses vetements sombres, son lourd bourdon a la main, la designant d'un geste lourd de mepris, elle avait envie de hurler. Elle se sentait brulee par la honte, comme par un fer rouge. Et, comme Ermengarde, d'un geste, l'invitait a monter le cheval demeure libre, elle s'ecria :

— Comment puis-je partir sans avoir fait la preuve de mon innocence, sans...

— Si vous aviez la moindre chance de le faire, je vous conseillerais de regagner Conques, riposta Ermengarde, mais ces gens ne vous en laisseraient pas le loisir. Ils ne sont que des fanatiques sans jugement. Quant a vous, ma chere, lorsque l'on porte le nom que vous portez, on n'a que faire du jugement des croquants ! En selle !

Domptee, calmee un peu par le mepris, au moins egal a celui de Gerbert, qui vibrait dans la voix de la vieille dame, elle posa le bout de son pied sur la main que lui offrait Beraud et s'enleva en selle...

La foule s'ouvrit devant la petite troupe, augmentee de Gillette en croupe de laquelle Margot, heureuse comme une fillette en vacances, avait saute... La crainte et la reprobation marquaient tous les visages, arrachant a la dame de Chateauvillain un dedaigneux haussement d'epaules. Mais, en passant devant Gerbert Bohat, Catherine retint son cheval et lanca, tres haut :

— Vous m'avez condamnee sans meme m'entendre, messire Bohat. Pour vous, etant soupconnee, je ne pouvais etre que coupable.

Est-ce la votre justice et votre equite ? Quand je jure, sur le salut de mon ame, que je n'ai jamais touche ces pierres, ne pouvez-vous me croire ? N'importe qui pourra vous dire que je suis rentree avant la procession et ne suis pas ressortie de l'auberge...

— Que perdez-vous votre temps a discuter avec des gens plus entetes qu'anes rouges ? cria Ermengarde avec impatience.

Cependant, Gerbert avait leve les yeux sur la jeune femme et, d'une voix sans timbre, murmurait :

— Peut-etre aviez-vous un complice ! Si vous etes innocente, allez en paix, mais je ne crois pas que ce soit possible. Quant a moi...

— Quant a vous, vous etes trop heureux de trouver ce pretexte pour m'empecher de poursuivre avec vous, n'est-ce pas ?

11
Мир литературы

Жанры

Фантастика и фэнтези

Детективы и триллеры

Проза

Любовные романы

Приключения

Детские

Поэзия и драматургия

Старинная литература

Научно-образовательная

Компьютеры и интернет

Справочная литература

Документальная литература

Религия и духовность

Юмор

Дом и семья

Деловая литература

Жанр не определен

Техника

Прочее

Драматургия

Фольклор

Военное дело