Стихотворения 1823-1836 - Пушкин Александр Сергеевич - Страница 46
- Предыдущая
- 46/80
- Следующая
1834
* * *
* * *
ПЕСНИ ЗАПАДНЫХ СЛАВЯН
Предисловие.
Большая часть этих песен взята мною из книги, вышедшей в Париже в конце 1827 года, под названием La Guzla, ou choix de Poesies Illyriques, recueillies dans la Dalmatie, la Bosnie, la Croatie et l'Herzegowine {1}. Неизвестный издатель говорил в своем предисловии, что, собирая некогда безыскусственные песни полудикого племени, он не думал их обнародовать, но что потом, заметив распространяющийся вкус к произведениям иностранным, особенно к тем, которые в своих формах удаляются от классических образцов, вспомнил он о собрании своем и, по совету друзей, перевел некоторые из сих поэм, и проч. Сей неизвестный собиратель был не кто иной, как Мериме, острый и оригинальный писатель, автор Театра Клары Газюль, Хроники времен Карла IX, Двойной Ошибки и других произведений, чрезвычайно замечательных в глубоком и жалком упадке нынешней французской литературы. Поэт Мицкевич, критик зоркий и тонкий и знаток в славенской поэзии, не усумнился в подлинности сих песен, а какой-то ученый немец написал о них пространную диссертацию.
Мне очень хотелось знать, на чем основано изобретение странных сих песен: С.А. Соболевский, по моей просьбе, писал о том к Мериме, с которым был он коротко знаком, и в ответ получил следующее письмо:
Paris, 18 janvier 1835.
Je croyais, Monsieur, que la Guzla n'avait eu que sept lecteurs, vous, moi et le prote compris; je vois avec bien du plaisir que j'en puis compter deux de plus ce qui forme un joli total de neuf et confirme le proverbe que nul n'est prophete en son pays. Je repondrai candidement a vos questions. La Guzla a ete composee par moi pour deux motifs, dont le premier etait de me moquer de la couleur locale dans laquelle nous nous jetions a plein collier vers l'an de grace 1827. Pour vous rendre compte de l'autre motif je suis oblige de vous conter une histoire. En cette meme annee 1827, un de mes amis et moi nous avions forme le projet de faire un voyage en Italie. Nous etions devant une carte tracant au crayon notre itineraire; arrives a Venise, sur la carte s'entend, et ennuyes des Anglais et des Allemands que nous rencontrions, je proposai d'aller a Trieste puis de la a Raguse. La proposition fut adoptee, mais nous etions fort legers d'argent et cette «douleur nompareille» comme dit Rabelais nous arretait au milieu de nos plans. Je proposai alors d'ecrire d'avance notre voyage, de le vendre a un libraire et d'emloyer le prix a voir si nous nous etions beaucoup trompes. Je demandai pour ma part a colliger les poesies populaires et a les traduire, on me mit au defi, et le lendemain j'apportai a mon compagnon de voyage cinq ou six de ces traductions. Je passais l'automne a la campagne. On dejeunait a midi et je me levais a dix heures, quand j'avais fume un ou deux cigares ne sachant que faire, avant que les femmes ne paraissent au salon, j'ecrivais une ballade. Il en resulta un petit volume que je publiai en grand secret et qui mystifia deux ou trois personnes. Voici les sources ou j'ai puise cette couleur locale tant vantee: d'abord une petite brochure d'un consul de France a Banialouka. J'en ai oublie le titre, l'analyse en serait facile. L'auteur cherche a prouver que les Bosniaques sont de fiers cochons, et il en donne d'assez bonnes raisons. Il cite par-ci par-la quelques mots illyriques pour faire parade de son savoir (il en savait peut-etre autant que moi). J'ai recueilli ces mots avec soin et les ai mis dans mes notes. Puis j'avais lu le chapitre intitu"l"e. De'costumi dei Morlachi, dans ie voyage en Dalmatie de Fortis. Il a donne le texte et la traduction de la complainte de la femme de Hassan Aga qui est reellement illyrique; mais cette traduction etait en vers. Je me donnai une peine infinie pour avoir une traduction litterale en comparant les mots du texte qui etaient repetes avec l'interpretation de l'abbe Fortis. A force de patience, j'obtins un mot "a" mot, mais j'etais embarrasse encore sur quelques points. Je m'adressai a un de mes amis qui sait la russe. Je lui lisais le texte en le prononcant a l'italienne, et il le comprit presque entierement. Le bon fut, que Nodier qui avait deterre Fortis et la ballade de Hassan Aga, et l'avait traduite sur la traduction poetique de l'abbe en la poetisant encore dans sa prose, Nodier cria comme un aigle que je l'avais pille. Le premier vers illyrique est: Scto s bieli u gorje zelenoi
Fortis a traduit:
Che mai biancheggia nel verde Bosco
Nodier a traduit bosco par plaine verdoyante; c'etait mal tomber, car on me dit que gorje veut dire colline. Voil"a" mon histoire. Faites mes excuses a M. Pouchkine. Je suis fier et honteux a la fois de l'avoir attrape, и проч.
1. ВИДЕНИЕ КОРОЛЯ 126
- Предыдущая
- 46/80
- Следующая