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Contes Merveilleux Tome II - Grimm Jakob et Wilhelm - Страница 18


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– Mais pas du tout! repondit avec petulance le nouveau jeune homme. Jamais je ne me suis senti aussi bien: j’y etais comme dans un bain de rosee. Ce que ce petit jeune homme lui avait dit resonna dans les oreilles de la vieille femme toute la nuit. Le lendemain matin, de bonne heure, des que le Seigneur fut reparti sur son chemin, le forgeron se dit, apres mure reflexion, qu’il pourrait aussi rajeunir sa belle-mere de la meme facon, car il avait bien observe et attentivement suivi tous les details de l’operation et, somme toute, cela relevait egalement de son art. Aussi, lorsqu’il lui demanda tout a trac si elle n’aimerait pas aller et venir dans la maison en sautant comme une fille de dix-huit ans, la vieille femme lui repondit-elle que ce serait avec plaisir, puisque la chose avait ete si douce et delicieuse au jeune homme de la veille. Le forgeron activa donc le feu de sa forge et y jeta la vieille quand il fut bien ardent; mais voila qu’elle se tordit dans tous les sens en poussant des cris affreux. «Du calme! lui cria-t-il. Qu’as-tu donc a t’agiter comme cela et a hurler comme une pendue? Il faut d’abord que je te fasse un feu vigoureux!» Il se mit au soufflet et activa le brasier de plus belle, si bien que tout brula sur la pauvre vieille femme, qui hurlait a la mort sans discontinuer. «Mon metier n’est pas suffisant!», pensa le forgeron en la retirant bien vite du foyer pour la plonger dans l’eau du bac a trempe, ou la malheureuse se mit a hurler encore plus fort qu’avant, si fort et si desesperement que ses cris ameuterent la-haut, a l’etage, la femme et la bru du forgeron. Toutes les deux descendent les marches quatre a quatre, et que voient-elles? L’aieule qui piaule et miaule lugubrement, plongee dans le bac de forge, le corps tout racorni, le visage atrocement deforme, tordu, ratatine. Le spectacle etait si horrible et les deux femmes, qui etaient enceintes l’une et l’autre, en recurent un tel choc, qu’elles accoucherent toutes les deux dans la nuit meme, et que leurs deux enfants ne furent pas conformes comme des humains, mais comme de petits singes, qui s’en allerent courir dans la foret. Ce sont eux qui ont commence la famille et donne origine a l’espece des singes.

La Petite table, l’ane et le baton

Il y a bien longtemps, il etait un tailleur qui avait trois fils et une seule chevre.

La chevre devait les nourrir tous les trois avec son lait; il fallait qu’elle mangeat bien et qu’on la menat tous les jours aux champs. Les fils s’en occupaient chacun a son tour.

Un jour, l’aine la mena au cimetiere, ou l’herbe etait la plus belle, la laissa la a manger et a gambader. Le soir, quand le moment fut venu de rentrer a la maison, il demanda:

– Alors, chevre, es-tu repue?

La chevre repondit:

– J’ai tant mange que je ne peux plus avaler – be, be, be, be!

– Eh bien! viens a la maison, dit le garcon.

Il la prend par sa corde, la conduit a l’ecurie et l’attache.

– Alors, demanda le vieux tailleur, la chevre a-t-elle assez mange?

– Oh! repondit le fils, elle a tant mange qu’elle ne peut plus rien avaler.

Le pere voulut s’en rendre compte par lui-meme. Il alla a l’ecurie, caressa la chere petite chevre et demanda:

– Chevre, es-tu repue?

La chevre repondit:

– De quoi devrais-je etre repue? Parmi les tombes j’ai couru pour me nourrir rien n’ai trouve be, be, be, be!

– Qu’entends-je! s’ecria le tailleur. Il rentre a la maison et dit au garcon:

– Ah, menteur, tu dis que la chevre est repue et tu l’as laissee sans nourriture! Et, dans sa colere, il prend une canne et en bat son fils en le jetant dehors.

Le lendemain, c’etait au tour du second fils. Il chercha dans le jardin un coin ou poussaient de belles herbes et la chevre s’en regala. Le soir, comme il voulait rentrer, il demanda:

– Chevre, es-tu repue?

La chevre repondit:

– J’ai tant mange que je ne peux plus avaler – be, be, be, be!

– Alors, rentre a la maison, dit le garcon.

Il la tira vers la maison, l’attacha dans l’ecurie.

– Eh bien? demanda le vieux tailleur, la chevre a-t-elle assez mange?

– Oh! repondit le fils, elle a tant mange qu’elle ne peut plus rien avaler. Le tailleur n’avait pas confiance. Il se rendit a l’ecurie et demanda:

– Chevre, es-tu repue?

La chevre repondit:

– De quoi devrais-je etre repue? Parmi les sillons j’ai couru pour me nourrir n’ai rien trouve be, be, be be!

– L’impudent mecreant! s’ecria le tailleur. Laisser sans nourriture un animal si doux!

Il rentre a la maison et, a coups d’aune, met le garcon a la porte.

C’est maintenant au tour du troisieme fils. il veut bien faire les choses, recherche les taillis les plus touffus et y fait brouter la chevre. Le soir, comme il veut rentrer, il demande a la chevre:

– Chevre, es-tu repue?

La chevre repondit:

– J’ai tant mange que je ne peux plus avaler – be, be, be, be!

– Alors viens a la maison, dit le garcon.

Et il la conduisit a l’ecurie et l’attacha.

– Eh bien? demanda le vieux tailleur, la chevre a-t-elle assez mange?

– Oh! repondit le fils, elle a tant mange qu’elle ne peut plus rien avaler. Le tailleur ne le croit pas.

Il sort et demande:

– Chevre, es-tu repue?

La mechante bete repondit:

– De quoi devrais-je etre repue? Parmi les sillons j’ai couru pour me nourrir n’ai rien trouve – be, be, be, be!

– Ah! le vilain menteur, s’ecria le tailleur. Ils sont aussi fourbes et oublieux du devoir l’un que l’autre! Vous ne me ferez pas plus longtemps tourner en bourrique!

Et, de colere hors de lui, il rentre a la maison, frappe le pauvre garcon avec l’aune, si fort qu’il le jette par la porte.

Et voila le vieux tailleur seul avec sa chevre. Le lendemain matin, il va a l’ecurie, caresse la chevre et dit:

– Viens, ma mignonne, je vais te conduire moi-meme au champ.

Il la prend par sa longe et la mene la ou se trouvent les baies que les chevres mangent avec le plus de plaisir.

– Pour une fois, tu peux y aller de bon c?ur, lui dit-il, et il la laissa brouter jusqu’au soir. Il demanda alors:

– Chevre, es-tu repue?

Elle repondit:

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Grimm Jakob et Wilhelm - Contes Merveilleux Tome II Contes Merveilleux Tome II
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