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Contes Merveilleux Tome I - Grimm Jakob et Wilhelm - Страница 19


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– Ours, mon ami, que veux-tu? Il repondit:

– Mon maitre, qui a tue le dragon, est ici; je suis charge de demander des sucreries semblables a celles que mange le roi.

La princesse fit venir le confiseur, qui recut l’ordre de preparer des sucreries pareilles a celles que mangeait le roi, et de les porter lui-meme pour l’ours jusqu’a la porte de l’aubergiste.

– Vous le voyez, monsieur l’hote, dit le chasseur, voila que j’ai maintenant du pain, du roti, des legumes et des sucreries; mais je veux aussi boire du vin pareil a celui que boit le roi. Il appela son lion et lui dit:

– Lion, mon ami, je sais que tu te grises volontiers, va donc et rapporte-moi du vin semblable a celui que boit le roi.

Le lion traversa les rues, et les gens fuyaient a son approche, et quand il arriva pres du poste, le factionnaire voulut lui barrer le passage: mais il poussa un rugissement qui mit tous les soldats en fuite. Le lion penetra jusqu’a la chambre de la princesse, et gratta legerement avec sa queue a la porte. La princesse vint lui ouvrir, et peu s’en fallut que l’effroi ne s’emparat d’elle a la vue du lion; mais elle le reconnut au fermoir d’or de son collier, et fit entrer avec elle dans son cabinet:

– Lion, mon ami, lui dit-elle, que veux-tu? Il repondit:

– Mon maitre, qui a tue le dragon, est ici; je viens demander du vin pareil a celui que boit le roi.

La princesse fit venir le sommelier, et lui ordonna de donner au lion du vin semblable a celui que buvait le roi. Le lion prit le panier et le porta a son maitre.

– Vous le voyez, monsieur l’hote, dit le chasseur, j’ai maintenant du pain, du roti, des legumes, des sucreries et du vin pareils a ceux qu’on sert au roi; maintenant, je veux donner un banquet a mes animaux.

Et il se mit a table, but et mangea, et donna aussi une bonne part de tout cela au lievre, au renard, au loup, a l’ours et au lion car la certitude qu’il venait d’acquerir que la princesse l’aimait toujours lui donnait une humeur charmante. Quand le repas fut termine, il dit a l’hote:

– Maintenant que j’ai mange et bu comme boit et mange le roi, je veux aller a la cour du roi, et epouser la fille du roi. L’aubergiste repondit:

– Comment cela pourra-t-il se faire, puisque la princesse a deja un fiance, et que ses noces doivent se celebrer aujourd’hui meme?

Le chasseur tira de sa poche le mouchoir que la princesse lui avait donne sur la montagne du dragon, et ou il avait roule les sept langues du monstre.

– Ce que j’ai la dans la main m’y aidera, dit-il. L’aubergiste examina le mouchoir et repartit:

– Si j’ai cru tout le reste, je ne puis pourtant pas croire cela, et je parie volontiers ma maison et ma cour.

Le chasseur tira de sa poche une bourse ou se trouvaient mille pieces d’or; il la placa sur la table et dit:

– Voici mon enjeu. Lorsque le roi revit sa fille au diner, il lui dit:

– Que te voulaient toutes ces betes qui sont venues te trouver et qui ont parcouru en tous sens mon palais? Elle repondit:

– Je ne puis point le dire, mais depechez quelqu’un et faites chercher le maitre de ces animaux; si vous faites cela, vous ferez bien.

Le roi envoya un de ses gens a l’auberge avec mission d’inviter l’etranger; le serviteur du roi arriva juste au moment ou le chasseur venait de parier avec l’aubergiste.

– Vous le voyez, monsieur l’hote, s’ecria le chasseur, voila que le roi m’envoie un ambassadeur afin de m’inviter.

Le chasseur se rendit aupres du roi. Celui-ci, le voyant venir, dit a sa fille:

– Comment dois-je le recevoir?

Elle repondit:

– Allez a sa rencontre; si vous faites cela, vous ferez bien.

Le roi alla donc a sa rencontre, le fit monter avec lui dans les appartements ou les betes du chasseur le suivirent. Le roi lui indiqua une place entre lui et sa fille, le marechal en sa qualite de fiance prit place de l’autre cote. En ce moment, on apporta en face d’eux les sept tetes du dragon, et le roi dit:

– Ces sept tetes, c’est le marechal qui les a coupees au monstre; voila pourquoi je lui donne aujourd’hui ma fille.

Alors le chasseur se leva, ouvrit les sept gueules et dit:

– Ou sont les sept langues du dragon?

A ces mots, le marechal devint pale il dit dans son trouble:

– Les dragons n’ont point de langue.

Le chasseur reprit:

– Les menteurs devraient n’en point avoir, mais les langues de dragon sont les vrais signes du vainqueur.

Et il ouvrit le mouchoir ou se trouvaient les sept langues et il en mit une dans chacune des sept gueules. Cela fait, il prit le mouchoir sur lequel etait brode le nom de la princesse, et le montrant a la jeune fille, il lui demanda a qui elle l’avait donne. Elle repondit:

– Je l’ai donne a celui qui a tue le dragon.

Puis il appela ses animaux, leur enleva a chacun leur collier ainsi qu’au lion son fermoir d’or, et les montrant a la jeune fille, il lui demanda a qui cela appartenait. Elle repondit:

– Le collier et le fermoir d’or etaient a moi, je les ai partages entre les animaux qui ont contribue a dompter le dragon.

Le chasseur dit alors:

– M’etant endormi de fatigue apres le combat, le marechal est arrive, m’a coupe la tete, a enleve la princesse et declare que c’etait lui qui avait tue le dragon; en quoi il a menti, comme le prouve par ces langues, par ce mouchoir et par ce collier.

Le roi s’adressant alors a sa fille:

– Est-il vrai, lui dit-il, que c’est lui qui a tue le dragon?

Elle repondit:

– Oui, c’est vrai; et maintenant il m’est permis de devoiler toute l’infamie du marechal qui m’avait fait donner ma parole que je garderais le silence. C’etait aussi pour cela que j’avais exige que les noces n’eussent lieu qu’apres un an et un jour.

Apres avoir entendu cette deposition, le roi fit appeler douze conseillers qu’il chargea de juger le marechal. Ceux-ci le condamnerent a avoir les membres dechires par quatre b?ufs. Ainsi fut puni le marechal. Ensuite, le roi donna sa fille au chasseur qui fut de plus reconnu dans tout le pays pour son heritier. Le jeune roi et la jeune reine vecurent desormais heureux et contents. Le jeune roi allait souvent a la chasse qu’il aimait, et ses animaux devaient l’accompagner. Or il y avait a peu de distance de la une foret qui, d’apres le bruit general, n’etait pas sure. Celui, disait-on, qui s’y risquait une fois, n’en revenait pas facilement. Depuis longtemps le jeune prince nourrissait un grand desir d’aller y chasser, et il ne laissa pas de repos au vieux roi qu’il lui en donna la permission. Il sortit donc un jour avec une nombreuse escorte, et quand il fut arrive pres de la foret, il apercut a travers les arbres une biche blanche comme de la neige, et il dit a ses gens:

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